La course à la présidence de la FTF est déjà bien en route. Pas de changement, Al Jarii est parti pour régner.
Sans grande surprise, l’actuel patron du football tunisien, Wadii Al Jarii, figure seul dans la liste des candidats au trône de la “Fédé”. En effet, les candidatures des listes de Larbi Senagria, président de l’AS Soukra, et d’Achraf Aouadi, président de “I Watch”, ont été rejetées par la commission indépendante des élections. Seule la candidature d’Al Jarii a été acceptée pour l’assemblée générale élective prévue le 14 mars prochain. Il devrait donc se faire réélire pour quatre ans et ainsi honorer un nouveau mandat 2020-2024.
L’incontournable…
Son nom est désormais incontournable au sein du football tunisien, voire africain. Al Jarii, patron à poigne du foot tunisien depuis le 31 mars 2012, ne compte plus les mois passés aux commandes de la plus grande fédération sportive tunisienne. D’ailleurs, l’ex-défenseur de l’USBG détient désormais le record de longévité à la tête de la FTF avec 8 ans.
Et pour bien régner sur un tel organisme tout au long de cette période, de nombreuses qualités sont absolument requises : la diplomatie et surtout l’art de la ruse. Et c’est grâce à ces choses-là que le puissant président de la Fédération a su traiter les délicates questions soulevées par ses opposants. A chaque reprise, Al Jarii ( fort en lobbysme) , doté d’une clairvoyance en matière de communication, s’en sort bien face aux critiques qui s’abattent sur lui de tous les côtés. Ceci en vantant ses réalisations à la tête de la FTF, et en présentant des preuves en béton qui justifient, selon lui, sa “bonne politique”.
De bons résultats sportifs et surtout financiers..
A la fin de son deuxième mandat, le bilan d’Al Jarii est plutôt positif. Il a notamment réussi à redresser les finances de la Fédération après une gestion calamiteuse de ses prédécesseurs. Sous sa direction, le budget de la FTF et les revenus ont enregistré une hausse bien considérable.
Selon le dernier rapport de l’expert-comptable de la FTF, les ressources de la plus grande fédération sportive tunisienne ont ainsi passé de 12 millions de dinars en 2011 à 45 millions de dinars au cours de la saison écoulée. De surcroît, les revenus du sponsoring ont été multipliés par cinq. Les hommes mentent, les femmes mentent, mais les chiffres ne mentent pas. En dépit des critiques, le bilan financier d’Al Jarii est bien florissant.
Sur le plan sportif, le président sortant peut également se vanter d’avoir remis sur les rails une institution en pleine crise à son arrivée. Il suffit d’éplucher les réalisations du onze national sous sa houlette : une toute première qualification en Coupe du monde depuis 2006, une première victoire en Coupe du monde depuis celle face au Mexique en 1978 et une première demi-finale de la CAN, depuis 2004. C’est satisfaisant même si on attend encore un sacre continental.
Une présidence controversée..
Souvent «accusé» sur certaines affaires polémiques, notamment les contrats signés avec l’équipementier Kappa en 2019, ou encore les contrats avec des agences suisses mandatées à trouver des «sparring partners» à la sélection avant la Coupe de monde 2018, ses relations et son expérience lui ont toujours permis de bien se défendre. Et aussi de viser l’international, notamment la CAF.
Pourtant, il faut dire que dans les coulisses, les différents acteurs du foot tunisiens s’accordent à dire qu’il y a un vrai mouvement de fond de contestation chez les amateurs ainsi que les professionnels. Un bon nombre d’eux disent en cachette : “ça suffit, on en a marre de ce système un peu monarchique, dans lequel il y a un président qui décide de tout, s’occupe de tout et avec lequel la discussion n’est pas possible”. Même des clubs professionnels n’ont peut-être pas envie de réélire, voter quelqu’un qui leur a fait des promesses qu’il n’a pas tenues. Encore en catimini, Al Jarii est accusé d’avoir“divisé pour mieux régner!”. Mais qui, parmi les dirigeants du foot, ose vraiment dire ça à voix haute ? Personne !
De surcroît, on peut, en effet, lui reprocher l’instabilité à la tête de l’équipe nationale (9 sélectionneurs en 8 ans), l’état catastrophique, voire scandaleux des stades, le manque de moyens au sein des centres de formation des jeunes, ainsi que l’état déplorable du football amateur qui n’arrive pas à surmonter ses obstacles financiers.
N’oublions pas l’équipe olympique, qui n’a pas réalisé le moindre exploit sous la direction d’Al Jarii. De son côté, le football féminin, souvent dans les oubliettes, peine à s’imposer dans l’ombre de l’indifférence lamentable de la FTF. Tous ces problèmes restent de gros points noirs durant le mandat de l’ex-dirigeant de l’USBG, qui devra rectifier le tir lors de son nouveau mandat.
Mais en tout cas, un changement devra avoir lieu un jour. Une passation, un changement de direction voire un nouveau souffle sont attendus pour espérer un changement. Pour le moment, Al Jarii s’apprête à aborder un nouveau mandat où ses ambitions sont de plus en plus considérables.